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Rencontre avec Stéphanie Laffargue ou comment diriger une entreprise familiale

Abordons avec Stéphanie Laffargue, dirigeante de la Maroquinerie artisanale Maison Laffargue les sujets de transmission familiale, de leadership au féminin et de nouveau modèle entreprenarial
Virginie Gonzalez
Co-fondatrice de Konxus Media et Dirigeante engagée de l’agence de communication Agence ho5, elle milite pour le marketing heureux© ou l’idée que la communication et le marketing ne sont destinés à la seule recherche du profit mais aussi (et surtout) à celui de l’épanouissement de l’humain.

Stéphanie Laffargue dirige avec sa sœur la maroquinerie artisanale fondée en 1890, à Saint-Jean-de-Luz par son aïeul.

Forte de plus de 130 ans d’histoire, la Maison LAFFARGUE a été récompensée des labels “Entreprise Familiale Centenaire” et “Entreprise du Patrimoine Vivant” dans le respect des savoir-faire artisanaux et une grande modernité entrepreneuriale.

Je me considère comme un maillon d'une chaîne avec une histoire et un héritage à faire perdurer, à préserver et à transmettre.

Ce qu’il
faut savoir

Ce qu'il faut savoir

Que faut-il faire selon toi pour maintenir un patrimoine vivant ?

Je dirais qu’il faut principalement continuer d’innover, que ce soit dans nos produits, nos outils ou notre management. Par exemple, depuis 2 ans, nous sommes passés à la semaine de 4 jours pour ceux qui le souhaitent . En soi, être dans une démarche d’amélioration continue. Ce n’est pas parce qu’on est à la tête d’une entreprise qui a 130 ans qu’il faut se reposer sur ses lauriers.

 

Quel pièges à éviter pour que l’expérience transmise perdure sans devenir un frein passéiste ?

Le principal piège c’est le « on a toujours fait comme ça ! ». Au contraire, pour éviter de tomber dans quelque chose d’un peu passéiste, je prône le fait de continuer à se remettre en question, expérimenter de nouvelles choses et revoir nos façons de travailler. Ainsi, certaines gammes opératoires ont été revues pour améliorer le rendu final du produit. Nous avons aussi investi dans un outillage plus performant et des postes de travail plus ergonomiques et mieux adaptés aux besoins d’aujourd’hui. Même si l’on s’appuie sur un socle de savoir-faire qui a peu changé depuis un siècle dans ses racines et son ADN, nous avons su le faire évoluer. Enfin, il me semble important aussi de savoir écouter les besoins des clients d’aujourd’hui qui ne sont plus forcément les mêmes qu’hier.

 

 

En tant que 4ème génération de dirigeants de l’entreprise familiale, comment être soi tout en respectant l’héritage de tes aïeuls ?

Chaque personne à la tête d’une entreprise apporte inexorablement sa touche et sa personnalité. En restant sincère et authentique dans sa façon d’être. A la Maison Laffargue, nous avons à cœur de garder les pieds ancrés dans nos racines et la tête tournée vers le futur. Nous avons conscience que c’est grâce à nos anciens que nous sommes là aujourd’hui et nous nous devons de continuer d’avancer et nous moderniser. Je me considère comme un maillon d’une chaîne avec une histoire et un héritage à faire perdurer, à préserver et à transmettre.

 

 

A l’ère de l’IA et du tout digital, quelle place doit-on donner à l’expérience humaine, physique et dans la matière pour toi qui dirige une entreprise artisanale ?

On entend qu’avec l’IA, c’est l’art de poser les bonnes questions qui va devenir essentiel. En attendant que notre secteur soit réellement bouleversé par l’IA, c’est le message que j’ai envie de retenir : apprenons à nous questionner et à questionner nos façons de travailler.

L’intelligence artificielle aura sans doute un véritable impact dans nos milieux artisanaux comme dans tous les secteurs d’ailleurs. Cela commence pour nous, par une digitalisation de l’entreprise. Nous avons investi dans des machines plus informatisées, notamment une machine de découpe numérique. Néanmoins, nos gestes ancestraux et nos savoir-faire artisanaux ne sont pour le moment pas remplaçables par une machine. L’apprentissage se fait par la transmission entre les maroquiniers puisque les plus aguerris apprennent aux nouveaux arrivés.

 

 

L’expérience est donc chez vous une valeur qui se partage ?

Le partage d’expérience est essentiel que ce soit dans la transmission des gestes et des savoir-faire entre les maroquiniers ou la transmission de nos valeurs familiales

 

 

Tout autre sujet pour toi femme dirigeante comment définirais-tu le nouveau leadership ?

Vaste question ! En tout cas, ce qui pour moi est primordial, c’est de laisser chacun s’exprimer dans le sens où une aventure collective appartient à tous ses membres. Le leadership demande à ce que chacun se sente responsable de ce sur quoi il est missionné. Et du coup, en tant que dirigeant, il faut savoir laisser la place à l’expérimentation et au droit à l’erreur.

Expérimenter, proposer quitte à se tromper parce que ça fait partie de l’apprentissage plutôt qu’être dans un mode de management hyper contrôlant où finalement tout le monde est bridé. L’erreur y sera limitée mais c’est tellement moins riche. Être un leader, c’est au final accompagner l’autre à grandir, s’épanouir pour donner le meilleur de lui-même.

 

 

Quelle place donnes-tu à l’expérience dans ta vie et dans ton entreprise ?

C’est un terme qui m’évoque une certaine manière de voir les choses. C’est un état d’esprit tourné vers la découverte, la curiosité et le fait de se laisser surprendre. Bien souvent, quand une situation ne tourne pas comme je veux, je me dis « Allez, ce n’est pas grave, c’est une expérience, et ça va m’apprendre quelque chose. ». Cette vision m’apporte de la légèreté, me pousse à être plus curieuse et oser sortir de ma zone de confort. Elle m’invite à agir, à me mettre en action et à faire un pas de côté pour regarder les choses différemment et oser.

Faire une expérience c’est ressortir différent après avoir traversé quelque chose. L’expérience laisse une trace dans la mémoire, une empreinte. Il est important de prendre du recul pour arriver à conscientiser ce que l’expérience nous a apporté. C’est là qu’elle devient vraiment apprenante ; quand on fait bouger nos certitudes pour évoluer. Dans ce monde ultra pressé, pour moi, cela n’est possible qu’en se rendant disponible à l’instant.

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