Les clés de l’expérience
Je vous propose de revenir quelques années en arrière.
Sur un chemin partant de Toulouse au travers des brumes matinales et des terres à la fois porteuses d’industrie et d’agricultures, une route vers l’Est nous conduit à cette belle cité d’Albi. Fief sans égal du département du Tarn, cette ville, superbe et étincelante abritait une entreprise, infogérant opérant pour une grande banque française qui m’a accueilli, formé en apprentissage et permis d’assurer mes premiers pas dans le secteur du numérique – je ne les remercierai jamais assez pour tout cela.
En son sein, j’y ai réalisé mes premiers pas, mes premières batailles avec mes nouveaux camarades ingénieurs, clavier et souris brandis, les clients n’ont qu’à bien se tenir ! La plupart du temps lors des études, ou d’un cursus de reconversion, nous avons la promesse de jolis postes, de beaux succès, et donc c’est l’égo gonflé à bloc que nous arrivions pour découvrir nos premiers collègues. Dure est la chute pour certains, ceux dépourvus de maturité justement, de prise de recul qui dès les premières tâches vont se confronter à la connaissance pratique.
Le savoir, la connaissance et l’enchainement de projets similaires constituent l’Expérience.
Facile à dire mais peu perceptible quand la carrière débute.
C’est une notion immatérielle : la seule image à disposition qu’on nous donne est le fait que le savoir est enfoui dans la « tête de nos collègues ».
De ce fait, lorsqu’un premier projet nous est confié en début de carrière, tout le monde n’arrive pas à comprendre en quoi il va être plus complexe sans expérience. A première vue il n’y a pas de grande difficulté ou en tout cas, notre égo – je le rappelle gonflé à bloc – est prêt à tout affronter.
Les vertus de l’échec
C’est à ce moment précis que nous allons vivre un point culminant : l’échec.
- Sans échec, point d’apprentissage.
- Sans difficulté point d’expérience.
- Sans l’aide des collègues point de connaissances partagées.
Car en réalité, avoir de l’expérience est, de mon point de vue, l’art de voir les choses, de les anticiper et surtout de les transmettre au collectif.
Chaque individu va ainsi se construire à son rythme, cette expérience qu’il acquiert au fur et à mesure, il le fait de façon inconsciente, personne ne fait un arrêt sur image pour évaluer le stade de son gain d’expérience. C’est d’ailleurs assez drôle comment ce concept a été repris dans les jeux vidéo où chaque gain d’expérience produit des gains de niveaux, eux-mêmes créateurs de nouvelles facultés et compétences.
L’expérience, la maturité, la connaissance pratique, ce sont les ingrédients communs. C’est en revanche en ajoutant le talent d’une personne qu’on peut en déduire qu’elle est prête ou non pour prendre des dossiers complexes et/ou progresser au sein de l’entreprise.
Mais jamais l’âge ne doit être un critère, non, jamais. Vous le voyez, ce simple paramètre est insuffisant, voire insupportable pour celui qui est prêt et à qui une entreprise le renverra à son anniversaire !
Faudrait-il revenir 5 ans plus tard alors que toutes les clés sont acquises ? Scandaleux.
La prise de conscience
Il y a un moment important sur lequel il faut s’attarder : c’est la prise de conscience. Ceux qui sont comme moi, c’est-à-dire qui parlent de l’âge dans la tête plutôt que sur l’état civil, savent. Nous avons toujours vécu ce moment, totalement imprévu où l’on appréhende un nouveau projet avec la sérénité de l’expérience.
Sans doute s’agit-il d’un projet similaire à un autre déjà exécuté, ou d’un niveau de difficulté plus bas, ce qui est sûr c’est qu’à ce moment-là on comprend aisément qu’à ce nouveau stade atteint, nous sommes différents de ce moment où nous sortions de l’école.
Là encore, cet état euphorique n’a pas d’âge, et peut survenir jeune, tout dépend encore une fois des différentes couleurs du prisme de l’humain.
En clair, nous ne sommes pas égaux dans cette course à l’expérience mais nous détenons quand même quelques clés :
- le travail,
- la répétition,
- la recherche de connaissances,
- et ses applications.
Tout ces points vont permettre d’être des accélérateurs pour ceux qui ont des facilités naturelles comme ceux qui ont besoin de points d’appui dans leur progression.
Cultivons l’expérience, l’écoute d’autrui est clé
Je résume : notre maturité, les connaissances pratiques acquises, notre talent mais aussi notre travail sont les clés pour gagner en expérience et devenir reconnu. Il y a un super pouvoir à utiliser pour cela qui est d’une simplicité folle : l’écoute.
Chaque individu qui veut gagner en expérience doit écouter et travailler en collectif. De là, de façon quasi automatique, il commencera à engranger du savoir.
Ce collectif va connaître l’échec, soit de façon individuelle parmi ses membres, soit lui-même.
L’écoute et l’analyse permettent de capitaliser, de comprendre, et de se préparer en silence au prochain défi qui sera moins difficile. Evidemment, l’écoute faisant appel à l’empathie, ce sera plus facile pour certain, moins pour d’autres.
Avoir de l’expérience, c’est aussi un échange, et se nourrir des néo-collègues qui arrivent en entreprise, ils n’ont certes pas encore le savoir du métier mais ont pour eux la spontanéité, la franchise et le recul pour progresser soi-même et faire progresser l’entreprise.
L’expérience se nourrit d’elle-même, et moins on fait appel à des préjugés et plus on continue à la développer.
Soyons tous enfants, revivons l’époque de l’enfance, son insouciance, sa curiosité, cette énergie là est notre super pouvoir pour notre expérience d’aujourd’hui comme celle de demain.
Vivement demain.