Mon premier échec
Plusieurs fois, trois fois même, j’ai cherché à me réinventer professionnellement.
Ça a marché une fois et je me suis fracassé deux fois. Les causes des échecs sont, comme bien souvent, probablement plus éloquentes que le succès.
A ma première tentative de reconversion professionnelle, ingénieur, je voulais apprendre les sciences politiques et les relations internationales.
Je m’apprêtais ainsi, master en sciences politiques en poche, à poursuivre un doctorat. A ma grande fierté et aussi, secrètement, celle de mon père. Un an avancé dans ce doctorat, menant aussi une vie active de consultant en organisation industrielle, la vie a voulu que je découvre le yoga et le développement personnel.
De fil en aiguille, réflexions sur l’égo, psychothérapies et réflexions sur le sens de ma vie, m’ont fait comprendre que je nourrissais ma vanité et mon besoin d’approbation de la part de mon père en menant cette quête doctorale….
Impossible de continuer dans cette voie. Je faisais fausse route et je devais redescendre des pentes de la mauvaise montagne. Pour moi, c’est clair, la vie a barré un sens-interdit dans ma réalité et elle m’a ouvert une autre voie que je n’avais jamais envisagé de construire.
Nous devons choisir et construire non par égo ou soumis à des croyances. Notre future réalité est le fruit de la connaissance de soi [i] et de la vérité sur soi-même.
J’ai alors poursuivi sur la voie de la croissance et du développement personnel, en particulier grâce au yoga.
Devenu expert en ennéagramme et pratiquant des thérapies psycho-spirituelles, je m’apprêtais à devenir thérapeute. J’y mettait toute mon énergie, toutes mes connaissances des positionnements marketing et stratégiques et aussi toute ma conscience créatrice alignée sur la volonté éthérée. Quelques mois passés et quelques milliers d’euros investis dans l’ambition, observant autant d’effort, de prières et de visualisations, je devais me rendre à l’évidence. Ma nouvelle réalité ne se manifestait pas. J’avais dû louper quelque chose…
Mon deuxième échec
Et il fallait bien restaurer mon économie personnelle avant de pouvoir considérer aller donner des conseils ou de l’aide aux autres.
Une seule solution, une seule voie était disponible, revenir aux valeurs sûres du conseil aux entreprises, même si je vivais dans un nouveau pays et que mon réseau n’était que balbutiant.
Trois e-mails, deux coups de téléphone et, magie non visualisée, deux nouveaux contrats…
Clairement j’avais oublié d’écouter la vie. Quand c’est non, c’est non ! Rien ne sert de nager à contre-courant. Il est plus simple de se laisser porter par les eaux et de savoir y naviguer, même si je préfèrerais circuler sur l’autre rivière.
Ma petite réussite
Continuant sur mon humble voie du yoga, je me suis un jour retrouvé à suivre une formation Yoga Teacher de 250h. Les experts connaissent. Je passais mes soirées avec d’anciennes danseuses de ballet, des gars nés dans le yoga dès leur plus jeune âge ou des femmes mi sage-femmes, mi voyantes qui savaient tout sur les énergies.
Perplexe, je me demandais ce qu’un ingénieur, ouvert d’esprit mais fermé des hanches, pouvait bien faire dans cette formation-là. Ne trouvant pas de réponse claire, en fin de formation j’ai consulté le maître, le sage. Il m’a alors surpris en me révélant trois vérités cachées :
- Les heures de postures (asanas) ont essentiellement pour objet de permettre de se tenir assis tout droit sur un coussin, afin d’assurer une méditation sereine. Toutefois, un tabouret ou une chaise font aussi bien l’affaire.
- Le Yoga, ça ne se pratique pas sur un tapis, mais dans la vie. Maintenant que j’avais appris l’entrainement, la vraie pratique commençait.
- Et finalement, si j’étais ingénieur, alors je devais découvrir ce que voulait dire pratiquer le yoga dans mon milieu, trouver ce que pouvait bien être le yoga des entreprises.
Depuis, j’ai beaucoup réfléchi, j’ai beaucoup pratiqué et j’ai fait beaucoup d’erreurs.
A l’écoute des messages de la vie, je suis parvenu à ma petite réussite actuelle : travailler tous les jours auprès de dirigeants d’entreprises formidables, d’authentiques guerriers de la vie. Je les aide, de mon mieux, à réussir leurs ambitions en toute conscience d’eux-mêmes et de leur parcours de vie.
Pourquoi est-ce important ?
J’ai eu la chance de partager les sagesses d’un vieux sage indien, Swami Brandev [i], qui enseigne toutes les lumières de Yoga Intégral de Sri Aurobindo et de la Mère.
Parmi ses nombreux enseignements, celui sur le libre arbitre est probablement celui qui résonne le plus. Un étudiant lui avait demandé quelle part tenait le libre arbitre et quelle était la capacité de chacun de peser sur son destin, il a laconiquement répondu « Quand tu dois t’assoir, tu peux choisir de t’assoir sur ce fauteuil-ci ou sur ce coussin-là. Mais tu dois t’assoir. ».
Puis à d’autres occasions, il a complété sa compréhension associant la vie à un fleuve et le karma personnel à la force du courant.
Nous pouvons choisir comment le naviguer, dans quelles circonstances et avec quelle disposition, mais il est difficile de changer de lit [ii] .
Cet enseignement, simple et fondamental, guide et inspire la plupart de mes choix dans ma vie. Désormais, avant de faire un choix, j’observe vers où coule le courant et j’essaye de m’adapter à cette nouvelle trajectoire.
[i] Swami Brahmdev, Questions and Answers et Light on Life.
[ii] le lit de la rivière.