transition ecologique en entreprise

Transition Ecologique : Hypocrisie ou Action ?

Les axes prioritaires de la transition écologique en entreprise, sont l’analyse des flux et de l’organisation de l’entreprise, l’énergie et le numérique.
Yannick Puget
Il fait carrière dans le monde de l’informatique et évolue rapidement vers le management. Son leadership naturel, ses capacités d’écoute et d’esprit collaboratif en font un acteur du changement centré sur l’humain. Cette foi en l’humain transforme le plus petit succès en victoire collective, ce qui le rend fier au plus haut point.

La mode est un concept fascinant. Capable de rendre sa gloire à un jean troué, à une jupe fleurie ou démarrant juste un nouveau mouvement. Les directions marketing et l’univers de la publicité développent une compétence qui force l’admiration dans leur capacité à faire changer la perception de chacun d’entre nous et ce depuis des siècles. Pour l’anecdote, on peut citer Louis XIV qui lança la mode des perruques. Des mauvaises langues sans doute, lui attribuant ce fait à la simple raison qu’un début de calvitie pointait le bout de son nez…mais jamais prouvé.


Mais la mode, c’est aussi l’engagement, l’évolution de la société, et son acceptation. Il faut lui rendre hommage notamment pour la période des années 1940 à 1980, je pense capitale dans l’avancée sur le sujet de l’égalité entre femmes et hommes.
Sans faire de politique ici, le constat jusqu’à 2020 est que le monde était en accélération perpétuelle, avec une économie basée sur la mondialisation et où la part de la sobriété, l’écologie et la responsabilité était minimisée par la majorité des entreprises.

Finalement, les convaincus étaient ainsi soit mal vus, soit oiseaux de mauvaises augures (on peut citer René Dumont, années 1970, pour montrer que la vision de l’évolution du monde telle que nous la connaissons aujourd’hui ne date pas d’hier).


La pandémie a été un moment terrible pour beaucoup, d’isolement, de questionnements, de malheurs pour certains, mais aussi de nouveaux moments de vie pour d’autres – parfois agréables. Bref, le monde a tremblé, il y aurait un avant et un après.


Aujourd’hui, si vous avez la curiosité de parcourir les tables rondes, les conférences ou juste d’allumer votre télévision, il n’y a pas un jour sans que le sujet de la transition écologique (sous l’angle de la sobriété énergétique ou numérique) ne soit abordé. Tout d’un coup, tout le monde prend conscience de son importance, des limites des ressources de la planète. Une conscience aussi sur le rôle que chacun d’entre nous, chacune de nos entreprises, peut avoir dans l’évolution positive de notre planète.
Je pense qu’il fallait un « stop », comme ce que nous avons connu avec la COVID, pour qu’une prise de conscience collective se mette en marche.


Alors, positivons, car cette mode là on l’aime ! Mais la conscience collective… c’est quand même 2 groupes : ceux qui font, qui agissent. Et ceux qui en parlent, et en font un argument marketing.
Molière en son temps nous montre les vertus de l’hypocrisie, celle qui suit les courants de la mode pour servir des objectifs souvent moins nobles.

« L’hypocrisie est un vice à la mode et tous les vices à la mode passent pour vertus. » Dom Juan, acte V, scène 2. Molière.


Alors il faut choisir son camp, et pour ma part, je choisis l’action.

L’action, nous devons tous la porter, collectivement.

Ce qu’il
faut savoir

Ce qu'il faut savoir

Nous sommes donc face à une mode mais qui porte une vérité, celle des rapports du GIEC et à tous les signes que l’environnement envoie concrètement : raréfaction de l’eau, augmentation des températures, diminution et disparition à terme de certains métaux et composants rares, … Il n’est pas question pour moi, en grand optimiste, de sombrer dans une boucle négative mais il faut quand même considérer les faits.

Aussi, nos actions doivent être pragmatiques, et si possible lancées par le plus grand nombre.

Nous évoquerons 3 axes – sans être exhaustifs – qui ont un effet direct sur la diminution des gaz à effet de serre, et donc l’empreinte carbone de nos organisations

Ces 3 axes sont :
1. L’Analyse du fonctionnement de l’organisation : comment on l’optimise ?
2. L’Energie : comment on la régule ?
3. Le Numérique : comment on rationalise mais aussi comment on s’en sert ?

 

Où l’analyse des flux conduit à une vue systémique des organisations

 

« Se connaître soi-même n’appartient qu’à l’homme sage. » Platon

Alors soyons sages. Il est vrai que nos organisations sont parfois complexes, tout dépend de l’activité, de la taille de l’entreprise et des « flux d’échange ». Mais dans tous les cas, bien se connaître est un bon moyen d’identifier sur quoi on peut agir sur les sujets de la transition écologique.
Ce principe permet de globaliser l’action, de se focaliser sur celles qui auront les gains les plus significatifs.

Une entreprise qui dispose d’une flotte de véhicules analysera les flux de déplacement, celle utilisant des matières premières se focalisera sur les lieux d’extraction et les flux d’approvisionnement. Nous pouvons également citer l’analyse de la pollution de l’air pour le monde de l’industrie. Bref. Le champ d’analyse est vaste.

 

 

 

 

Et il y a l’entreprise lambda. Celle-ci, qui peut tout à fait analyser les points évoqués ci-dessus, analysera les trajets de ses collaborateurs, leurs déplacements, la gestion des déchets, l’impact de ses fournisseurs, de ses bâtiments.

Il s’agit donc de considérer l’impact carbone, la pollution directe ou indirecte, les émissions, mais aussi le cycle de vie complet de tout ce qui passe dans les mains de ses collaborateurs.

C’est une fois que nous réalisons un bilan complet de notre entreprise que nous pourrons en dégager des plans d’action pragmatiques.
Il faut voir le bon côté des choses, finalement cela conduira à beaucoup d’optimisations et donc des économies potentielles. Ces économies nous permettront d’investir car tout n’est pas gratuit (exemple : déployer un parc de panneaux solaires sur les parkings permet d’auto-consommer mais nécessite un investissement initial).

Mais n’oublions pas, la clé est comme souvent liée à l’humain. Aussi, la sensibilisation des collaborateurs au sujet de la transition écologique sera un vecteur de réussite. Une réussite collective à la clé.

 

Où l’Energie est nécessaire mais peut être régulée

 

Il n’y a aucun doute, le collectif prime. Sur le sujet de l’énergie, c’est l’effet de groupe qui produira les meilleurs effets : expliquer le sens de réguler la température du chauffage ou de la climatisation, la température de l’eau, l’acquisition des bons réflexes. Tout ceci vient forcément d’une adhésion du plus grand nombre dans nos organisations.

Il y a également des investissements qui payent : produire de l’énergie avec ses propres panneaux solaires, revenir à des parkings qui ne sont pas « en béton » mais qui laisse place à la biodiversité, ou encore faire évoluer les Datacenters pour le secteur de l’informatique.
Sur ce dernier sujet, sachez que baisser de 2 degrés une salle informatique produit un gain moyen de 10% sur la quantité d’énergie dépensée. Dans les années 1980, nous avions des salles dédiées à « l’outil informatique » qui devaient rester à 21°, aujourd’hui les machines supportent jusqu’à 28 degrés (ce qui conduira à réguler la température d’un datacenter à 26° pour gérer les pics de chaleur, celle-ci n’étant pas répartie de façon uniforme). Il y a aussi la récupération de l’air chaud intérieur vers le chauffage, comme l’injection de l’air froid extérieur pour refroidir ces cerveaux mécaniques.

 

 

 

 

Où le Numérique, vilain du fond de la classe, peut devenir un atout

 

Il reste le sujet le plus tabou, le numérique. Ce fléau qui produira d’ici peu 7% des émissions de gaz à effet de serre. Mais ne l’enterrez pas tout de suite, ce cher numérique a des ressources !
Sur ce sujet aussi on parlera de 3 axes : l’éco-conception, le Green IT, et l’IT for Green.

L’éco-conception, c’est comment demain on organise la création de nouvelles applications, la transformation des anciennes, et tout cela d’un point de vue responsable.
Allez, je vous embarque dans la peau d’un développeur de site intranet. On va dire que vous vous appelez Joe. Et ce sacré Joe est au travail car, voyez-vous, il a reçu plein de demandes pour faire évoluer les applications internes de l’entreprise.
Dans le monde d’hier, et parce que Joe aime bien que tout soit bien fait et que son client soit satisfait, il va se mettre au travail et produire une à une tous ces nouveaux besoins.
Demain, ce sera différent. Le client va utiliser 1 fois par an un bouton sur le site intranet ? Joe supprime. Le gain de productivité emmené par un service en ligne n’est pas évident dès le départ ? Joe supprime.
Joe se concentrera sur l’essentiel et au passage avec une ergonomie favorisant l’efficacité. Sacré Joe.

C’est un exemple d’éco-conception, on pourra citer aussi les polices et couleurs choisies, ou encore le langage informatique utilisé, et bien d’autres choses encore.

Ensuite vient le Green IT, c’est toutes les actions permettant à l’entreprise d’être plus responsable sous l’angle informatique.
Identifier la bonne durée d’amortissement du matériel, utiliser l’économie circulaire pour la fin de vie de son matériel comme pour ses futurs approvisionnements. Ou encore, identifier des critères responsables pour ses appels d’offre : une imprimerie optera pour une encre adaptée, le choix d’un téléphone portable passera par l’analyse de son indice de réparabilité, etc…

Enfin, vient l’IT for Green. Il s’agit pour moi du levier le plus intéressant : il s’agit de mener des projets numériques à impact positif dans notre démarche Green comme déployer une application de covoiturage pour l’inciter, mettre en place des mesures d’émissions pour optimiser et agir en faveur de notre approche systémique. Ou encore mettre à disposition un indicateur « transition écologique » pour ses collaborateurs et ainsi gamifier leur sensibilisation & leurs actions. La seule limite sur ce domaine est celle que l’on veut bien y mettre, le champ des possibles étant infini.

 

Où l’on conclut que nous sommes tous des super-héros !

 

Ainsi, oui. Ce n’est pas simple. Le temps passe trop vite, et les actions à mener sont à la fois sur un nombre important de domaines et aussi infinies. Mais cela nous montre que les leviers pour conduire notre entreprise vers la transition écologique existent et sont accessibles.
Cela nous montre aussi qu’agir n’est pas réservé à une taille d’entreprise, une caste.
L’action, nous devons tous la porter, collectivement. Et laissons-nous tenter par la mode, celle qui fait avancer le monde, après les années 40 du vingtième siècle, créons ensemble l’évolution du monde des années 20 du 21ème siècle.

Vivement demain.

 

Points
Clés

Points clés

  • La transition écologique est une réalité, mais il est parfois complexe pour nos organisations d’établir un plan de bataille, il faut un plan d’actions le plus pragmatique possible.

 

  • 3 axes sont à adresser prioritairement : l’analyse des flux et l’organisation de l’entreprise, l’énergie et le numérique

 

  • Nous sommes tous acteurs pour notre planète 2.0

Liens &
ressources

Liens & Ressources

  • ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maitrise des Energies)

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