Nous sommes donc face à une mode mais qui porte une vérité, celle des rapports du GIEC et à tous les signes que l’environnement envoie concrètement : raréfaction de l’eau, augmentation des températures, diminution et disparition à terme de certains métaux et composants rares, … Il n’est pas question pour moi, en grand optimiste, de sombrer dans une boucle négative mais il faut quand même considérer les faits.
Aussi, nos actions doivent être pragmatiques, et si possible lancées par le plus grand nombre.
Nous évoquerons 3 axes – sans être exhaustifs – qui ont un effet direct sur la diminution des gaz à effet de serre, et donc l’empreinte carbone de nos organisations
Ces 3 axes sont :
1. L’Analyse du fonctionnement de l’organisation : comment on l’optimise ?
2. L’Energie : comment on la régule ?
3. Le Numérique : comment on rationalise mais aussi comment on s’en sert ?
Où l’analyse des flux conduit à une vue systémique des organisations
« Se connaître soi-même n’appartient qu’à l’homme sage. » Platon
Alors soyons sages. Il est vrai que nos organisations sont parfois complexes, tout dépend de l’activité, de la taille de l’entreprise et des « flux d’échange ». Mais dans tous les cas, bien se connaître est un bon moyen d’identifier sur quoi on peut agir sur les sujets de la transition écologique.
Ce principe permet de globaliser l’action, de se focaliser sur celles qui auront les gains les plus significatifs.
Une entreprise qui dispose d’une flotte de véhicules analysera les flux de déplacement, celle utilisant des matières premières se focalisera sur les lieux d’extraction et les flux d’approvisionnement. Nous pouvons également citer l’analyse de la pollution de l’air pour le monde de l’industrie. Bref. Le champ d’analyse est vaste.
Et il y a l’entreprise lambda. Celle-ci, qui peut tout à fait analyser les points évoqués ci-dessus, analysera les trajets de ses collaborateurs, leurs déplacements, la gestion des déchets, l’impact de ses fournisseurs, de ses bâtiments.
Il s’agit donc de considérer l’impact carbone, la pollution directe ou indirecte, les émissions, mais aussi le cycle de vie complet de tout ce qui passe dans les mains de ses collaborateurs.
C’est une fois que nous réalisons un bilan complet de notre entreprise que nous pourrons en dégager des plans d’action pragmatiques.
Il faut voir le bon côté des choses, finalement cela conduira à beaucoup d’optimisations et donc des économies potentielles. Ces économies nous permettront d’investir car tout n’est pas gratuit (exemple : déployer un parc de panneaux solaires sur les parkings permet d’auto-consommer mais nécessite un investissement initial).
Mais n’oublions pas, la clé est comme souvent liée à l’humain. Aussi, la sensibilisation des collaborateurs au sujet de la transition écologique sera un vecteur de réussite. Une réussite collective à la clé.
Où l’Energie est nécessaire mais peut être régulée
Il n’y a aucun doute, le collectif prime. Sur le sujet de l’énergie, c’est l’effet de groupe qui produira les meilleurs effets : expliquer le sens de réguler la température du chauffage ou de la climatisation, la température de l’eau, l’acquisition des bons réflexes. Tout ceci vient forcément d’une adhésion du plus grand nombre dans nos organisations.
Il y a également des investissements qui payent : produire de l’énergie avec ses propres panneaux solaires, revenir à des parkings qui ne sont pas « en béton » mais qui laisse place à la biodiversité, ou encore faire évoluer les Datacenters pour le secteur de l’informatique.
Sur ce dernier sujet, sachez que baisser de 2 degrés une salle informatique produit un gain moyen de 10% sur la quantité d’énergie dépensée. Dans les années 1980, nous avions des salles dédiées à « l’outil informatique » qui devaient rester à 21°, aujourd’hui les machines supportent jusqu’à 28 degrés (ce qui conduira à réguler la température d’un datacenter à 26° pour gérer les pics de chaleur, celle-ci n’étant pas répartie de façon uniforme). Il y a aussi la récupération de l’air chaud intérieur vers le chauffage, comme l’injection de l’air froid extérieur pour refroidir ces cerveaux mécaniques.
Où le Numérique, vilain du fond de la classe, peut devenir un atout
Il reste le sujet le plus tabou, le numérique. Ce fléau qui produira d’ici peu 7% des émissions de gaz à effet de serre. Mais ne l’enterrez pas tout de suite, ce cher numérique a des ressources !
Sur ce sujet aussi on parlera de 3 axes : l’éco-conception, le Green IT, et l’IT for Green.
L’éco-conception, c’est comment demain on organise la création de nouvelles applications, la transformation des anciennes, et tout cela d’un point de vue responsable.
Allez, je vous embarque dans la peau d’un développeur de site intranet. On va dire que vous vous appelez Joe. Et ce sacré Joe est au travail car, voyez-vous, il a reçu plein de demandes pour faire évoluer les applications internes de l’entreprise.
Dans le monde d’hier, et parce que Joe aime bien que tout soit bien fait et que son client soit satisfait, il va se mettre au travail et produire une à une tous ces nouveaux besoins.
Demain, ce sera différent. Le client va utiliser 1 fois par an un bouton sur le site intranet ? Joe supprime. Le gain de productivité emmené par un service en ligne n’est pas évident dès le départ ? Joe supprime.
Joe se concentrera sur l’essentiel et au passage avec une ergonomie favorisant l’efficacité. Sacré Joe.
C’est un exemple d’éco-conception, on pourra citer aussi les polices et couleurs choisies, ou encore le langage informatique utilisé, et bien d’autres choses encore.
Ensuite vient le Green IT, c’est toutes les actions permettant à l’entreprise d’être plus responsable sous l’angle informatique.
Identifier la bonne durée d’amortissement du matériel, utiliser l’économie circulaire pour la fin de vie de son matériel comme pour ses futurs approvisionnements. Ou encore, identifier des critères responsables pour ses appels d’offre : une imprimerie optera pour une encre adaptée, le choix d’un téléphone portable passera par l’analyse de son indice de réparabilité, etc…
Enfin, vient l’IT for Green. Il s’agit pour moi du levier le plus intéressant : il s’agit de mener des projets numériques à impact positif dans notre démarche Green comme déployer une application de covoiturage pour l’inciter, mettre en place des mesures d’émissions pour optimiser et agir en faveur de notre approche systémique. Ou encore mettre à disposition un indicateur « transition écologique » pour ses collaborateurs et ainsi gamifier leur sensibilisation & leurs actions. La seule limite sur ce domaine est celle que l’on veut bien y mettre, le champ des possibles étant infini.
Où l’on conclut que nous sommes tous des super-héros !
Ainsi, oui. Ce n’est pas simple. Le temps passe trop vite, et les actions à mener sont à la fois sur un nombre important de domaines et aussi infinies. Mais cela nous montre que les leviers pour conduire notre entreprise vers la transition écologique existent et sont accessibles.
Cela nous montre aussi qu’agir n’est pas réservé à une taille d’entreprise, une caste.
L’action, nous devons tous la porter, collectivement. Et laissons-nous tenter par la mode, celle qui fait avancer le monde, après les années 40 du vingtième siècle, créons ensemble l’évolution du monde des années 20 du 21ème siècle.
Vivement demain.