Gregory Hourcadet
Dirigeant d’entreprise, Gregory Hourcadet fonde également Artgonomia, un cabinet de recherche et d’accompagnement dédié à toute personne souhaitant se réaliser intérieurement. Il est également auteur sur son sujet de prédilection : l’entreprise et la spiritualité.

Propos recueillis par Iker Aguirre

Je connais Gregory depuis de longues années. Nous nous sommes rencontrés à une époque où, suite à un burnout, nous pansions nos plaies. Sans savoir vers où nous allions, nous savions que c’était à bon port. Quinze ans plus tard, que d’eau a coulé sous les ponts !  Voici le récit d’une renaissance heureuse.

Le pouvoir POUR SERVIR, NON POUR DOMINER

Ce qu’il
faut savoir

Ce qu'il faut savoir

Clash !

Trop souvent, des histoires comme celles de Greg commencent par un clash. C’est la rencontre avec un mur à 200km/h quand il est trop tard pour freiner ou changer de direction. Pour lui, ce fut un burnout.

“Suite au clash, je devais restructurer mon esprit, comprendre comment je m’étais construit pour me déconstruire,” explique-t-il.

“C’est là que j’ai eu la chance de découvrir une femme médecine”, une méthode puissante qui joint le physique au subtil et au spirituel. Greg trouve sa voie mais il a une demande : “Tu m’expliques simplement comment ça marche et je fais…”lui dit-il. “C’est ainsi que [mon] entreprise est devenue le terreau d’expérimentation de tous les enseignements spirituels que j’ai pu recevoir depuis le début.”

Et ce sont des joyaux de ce parcours qu’il s’apprête à nous livrer.

 

 

Expérience incarnée

L’expérimentation, pour moi, passe par l’expérience vécue. On va ancrer un enseignement par le corps, comme un sportif de haut niveau qui va répéter des gestes pour les faire de manière automatique. Il s’agit d’expérimenter pour apprendre malgré moi. Ce qui compte c’est de faire pour que le corps sache faire et là je sais que j’ai appris. J’apprends malgré moi, sans besoin d’un apprentissage mental.”

Ainsi, Greg ne s’alourdit pas de théories. Il s’engage, éprouve puis approuve mais jamais seul. Car il est entouré… et très bien entouré.

Ses entreprises sont un succès, il accumule des brevets révolutionnaires et la croissance lui fait rêver de grandes réussites mais, n’ayant pas encore 40 ans, il sait déjà faire la part des choses. La première : taire son ego pour écouter ceux qui savent, qu’ils soient guides ou mentors.

 

 

 

Sortir de sa dualité

Le burnout le mène à la découverte de sa spiritualité. Il se sent renaître. Le sens profond de son existence s’ouvre à lui dans ce parcours de renaissance. Or, croyant avoir trouvé sa place il crée une nouvelle dissonance.

“[J’ai créé] une dualité dans ma vie car la spiritualité est plus légère et l’entreprise toujours plus lente, plus lourde. J’ai créé un écart entre les deux et j’ai commencé à me perdre, sans trouver vraiment le sens de ce qui m’animait. Je trouvais ce sens dans la spiritualité mais je devais être dans cette réalité [matérielle] qui est la nôtre. Je manquais d’envie et d’ancrage pour me recentrer au service de ce monde économique qui nous lie tous”.

“Je voulais trouver ce chemin et, en même temps, partager les enseignements que je pouvais recevoir. [C’était] une époque où je traversais des difficultés financières et j’ai écrit. Je me suis servi de l’exercice pour réunifier en pratique le monde du business et la spiritualité et créer ainsi une harmonie dans toutes les structures qui m’entouraient”.

 

 

Le premier pas…

Le premier pas est une technique qui parlera à tout le monde : s’identifier à l’expérience, à ce que j’ai vécu, à ce qu’il s’est passé, comment me relever et traverser. En spiritualité, on dit que tout ce que l’on met derrière “je suis” se réalise. Quand on a compris ça, [on sait] que l’on s’identifie à une situation passée, une synthèse ou une croyance qui est la conséquence du passé mais qui devient présente ici et maintenant, aujourd’hui.”

“En revenant à cette expérience concrète que je vis, sans la juger, ni la manipuler, ni interpréter, je ne crée pas d’illusion de mon futur. Je reste centré dans l’instant présent, l’action, et à partir du moment où je suis vraiment dans cette identification, que je me débarrasse du background du passé et que j’agis en fonction de ce que je vis, il n’y a plus de filtre.”

L’ego n’a plus sa place de manipulation de l’information et je suis alors face à une expérience concrète [ici et maintenant] que je peux capitaliser en création de valeur, parce que je peux en faire quelque chose en étant revenu dans cet instant présent qui est le moyen principal d’être dans l’action.”

 

Puis un deuxième…

Le deuxième pas est de faire ‘avec’, ne jamais oublier que l’on n’est pas seul. C’est faire avec les autres. Comment ? Être sincère sur le plan émotionnel. Si ça va, ça va, si ça ne va pas, ça ne va pas. Vous pouvez être sûr qu’à ce moment là, les gens qui nous entourent auront des résonances sur ce que l’on est en train de vivre et il va se créer une sorte d’union, de collectif et c’est ce qui va enclencher une spirale vertueuse et dynamique qui va permettre de sortir des situations complexes dans lesquelles on peut se trouver.”

“On part d’un constat : on s’identifie à ce que l’on vit, honnêtement, puis on partage avec les autres. Il se crée une magie en ouvrant de nouveaux espaces avec eux. Quand on n’est plus bloqué par nos croyances, des choses se libèrent. Entre autres l’énergie. On libère des cloisons mentales et on ouvre des chemins vers de nouvelles perspectives créatives. Ceci crée un tourbillon qui crée de l’air et les nuages se dissipent. Ainsi la dynamique se réalise.”

 

 

La formule magique

J’écoute parler Greg et je ne peux m’empêcher de penser qu’il évolue dans le monde du BTP. C’est un milieu pragmatique, les pieds sur terre et s’alourdissant rarement de ce qui n’est pas indispensable. Alors quelle est sa formule pour incarner une expérience spirituelle dans un tel contexte ?

C’est là qu’il me surprend avec une formule magique.

Le premier secret, explique-t-il : le focus.

“La spiritualité est un plan très subtil et très large. Pour que ce soit concret, on focalise sur un seul point. Une installation, le service client… [la priorité du moment].”

“On casse les ‘Je suis’. Je n’ai pas un schéma d’autorité mais un schéma où j’ai cassé le passé et je ramène [les équipes] dans le présent. J’ai cassé le background et la projection du futur, je les ramène dans le présent.”

Mais il ne suffit pas que de ça.

Avec Greg les choses se transmettent sans les dire. Et c’est parce qu’il assume son rôle qu’il en est ainsi. C’est ce que l’on appelle un alignement cohérent et congruent à tous les niveaux.

Si je fais le parallèle avec les enseignements que j’ai reçu, il y a le corps, qui est la dimension matérielle; il y a l’esprit, qui est la structure opérationnelle, pas fonctionnelle, de l’entreprise. Cette structure et chaque dimension ont leur place, leur résonance. Si elles se mélangent, c’est le waï, c’est l’anarchie. Cette structure opérationnelle est hiérarchique.”

Mais Greg apporte de nombreuses nuances et, pour lui, il y a une différence notoire entre autorité et autoritaire. Le leadership devient subtil et embrasse alors une posture sans ego où, à travers le focus concret et opérationnel, il prépare les équipes à agir avec autorité pour que “chacun ait le succès qui lui est mérité”.

“Le pouvoir c’est sa capacité à assumer ses responsabilités. ”

 

“Le pouvoir c’est sa capacité à assumer ses responsabilités”, rappelle-t-il alors. “La clé de tout est dans la structure.”

 

“Après il y a l’âme, le liant, ce qui vient animer et qui ne peut s’incarner dans un corps que s’il est structuré.” Et il explique simplement que sans structure, travailler “corps et âme” ne sert à rien car l’énergie se disperse au lieu de se concentrer. Résultat : “Vous n’y allez pas”.

Et dans ce contenant subtil, le reste se fait par à travers la puissance du leadership par l’exemple, une force silencieusequi ne parle qu’à travers l’expérience partagée. La spirale dynamique fait un nouveau tour en repassant par les fondamentaux.

Il insiste tout le long de l’entretien : agir sans ego”. Ainsi, son leadership s’instaure par l’exemple : “Jamais je ne fais preuve d’autorité”. Et nul besoin car une qualité de présence est silencieuse et s’exprime dans l’être, non dans le dire ni dans le faire. Si vous n’êtes pas ce que vous voulez que votre entreprise devienne comment voulez-vous y parvenir ?

“Et les équipes le sentent”.

C’est ainsi que Greg gagne la confiance de ses équipes.

 

 

Cohérence, congruence, alignement et respect des valeurs :

Cette devise est affichée, en grand, dans le hall de son entreprise. Travailler chez Greg c’est respecter des valeurs et une qualité de relation, un filtre de lecture qui définit quand est-ce qu’un salarié peut agir en confiance. Ce filtre est finement ciselé. Sa description est simple et facile à comprendre mais les conditions requises pour son application sont d’une profondeur insondable. Ici, nul besoin de discours. Pour pouvoir faire, il faut être. Encore une application par l’expérience. La spiritualité se vit et s’incarne. Elle ne se dicte pas, elle est et apprend à être.

Ainsi sont posées les conditions de la confiance et du droit à l’erreur. Les équipes savent quand elles peuvent agir car elles ont reçu de leur leader l’autorité pour agir et ses limites. C’est la puissance d’un cadre transmis avec fermeté mais sans autoritarisme.

 

 

 

Importance du cadre

Sans cadre, il n’y a pas de structure. Sans structure, l’énergie et l’envie se dispersent et “c’est le waï,” répète-t-il régulièrement.

Greg est le premier a incarner ce qu’il défend et, en ce sens, il est le premier garant de la structure, tout comme il l’est de son cadre. Chaque projet, enjeu ou objectif est décrit dans ses limites, ses règles, ses relations et ses moyens. Rien n’est laissé au hasard car ainsi, lui le sait, dans cette enceinte les seules actions possibles sont en adéquation avec une vérité plus grande que les humains qui la composent. Cette vérité est celle qu’il veut défendre, car elle est spirituelle.

Et c’est ainsi que le quotidien file, avec simplicité et profondeur, quels que soient les tempêtes et les beaux jours.

 

 

Espaces sacrés

“L’étape d’après pour faire grandir l’équipe sur un plan plus large demande des espaces plus sécurisés. Quand on touche à la spiritualité on ne fait pas ça en discutant autour d’un café en deux minutes. On ouvre un espace sacré via des réunions, des team buildings, un espace temps donné pour travailler sur la stratégie de l’entreprise. On va là-bas, on déconstruit, on ouvre, on explore, on construit, on décide, on acte une stratégie. Ainsi, j’accompagne mon équipe rapprochée dans cette expérimentation spirituelle de la connaissance de soi…”

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