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Comment l’apprentissage conscient transforme notre leadership

Ramuntxo Ithurry
Spécialiste du changement et des dynamiques de groupe il s’est spécialisé en neurosciences appliquées. Que ce soit pour l’équipe ou les collaborateurs, avoir une meilleure connaissance du fonctionnement de son cerveau change radicalement son rapport à la performance et sur la réussite au travail.

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L’importance de comprendre et de gérer la manière dont nous apprenons de nos expériences, surtout dans un contexte professionnel, peut être un pas de géant vers la performance.

L’utilisation des neurosciences pour expliquer ces phénomènes aide à comprendre que notre cerveau a tendance à automatiser les comportements, ce qui peut être à la fois un avantage et un inconvénient.

L’expérience, ce vaste réservoir de connaissances acquises à travers la pratique et l’observation, nous façonne jour après jour.  Nous la valorisons souvent comme une boussole dans la prise de décision et la gestion d’équipe.

C'est impossible, dit la Fierté. C'est risqué, dit l'Expérience. C'est sans issue, dit la Raison. Essayons, murmure le Cœur – Willian Arthur Ward

Ce qu’il
faut savoir

Ce qu'il faut savoir

Mais avez-vous déjà considéré que, parfois, l’expérience peut nous conduire à répéter les mêmes erreurs avec une efficacité surprenante ?

On a tous en tête une réunion qu’on a bien préparée et qui ne se déroule absolument pas comme on l’a prévu… Et pourtant, on a l’expérience, tout était prêt !

Ou la question à plutôt se poser : est-on sûr.e qu’elle ne s’est pas déroulée comme on savait qu’elle allait se dérouler ? A y regarder de plus près, elle se déroule souvent de la même façon…

Notre cerveau, cette merveille de complexité, privilégie les chemins déjà empruntés, les routines bien rodées et il en est de même de notre cerveau collectif qui régie le fonctionnement de nos équipes. Un collectif est certes une somme d’individus, mais il devient surtout un nouvel individu à part entière

Les neurosciences nous enseignent que nos cerveaux créent des chemins neuronaux pour chaque action ou décision que nous prenons. Répéter ces actions renforce ces chemins, rendant certaines réponses presque automatiques.

Ce mécanisme permet d’économiser de l’énergie mais peut aussi nous piéger dans des cycles répétitifs d’erreurs si nous ne sommes pas vigilants. Ainsi, nos réunions se déroulent souvent de la même façon et obéissent à des chemins dans lequel le collectif s’est construit et a bâti son expérience.

 

Tout est question de biais ?

On peut également rajouter que dans ce fonctionnement automatique bien utile pour penser et agir vite, les raccourcis que l’on prend et qu’on appelle «biais cognitifs» animent en plus nos réunions.

On peut citer le « biais de confirmation », notre cerveau retiens plus facilement les informations qui confirment ce qu’il pense déjà. Si je suis persuadé que cette réunion ne sert à rien, je ne vais me focaliser que sur ce qui ne me sert … à rien.

Le « biais d’intentionnalité » fait qu’on a horreur du hasard. Lorsqu’un événement négatif se produit, j’ai besoin de trouver un coupable pour rejeter la faute sur lui et la mayonnaise monte lorsque durant la réunion on remonte des problématiques.

Je veux faire comme les autres, je suis toujours tenté de changer ma réponse, je n’ai aucune envie de me démarquer, quitte à donner une mauvaise réponse, comme tout le monde, alors que j’avais la bonne et qui pousse à ne prendre aucune décision lors ce cette réunion se retrouve souvent dans le « biais de conformisme ».

J’ai beau voir la vie du bon côté, je me souviens davantage de tout ce qui n’a pas été dans cette réunion. On retrouve ici le « biais de négativité »

Le chef a toujours raison, quand quelqu’un que je respecte me délivre une information, j’ai tendance à le croire, c’est le « biais d’autorité ». À quoi bon faire une réunion, les décisions sont déjà prises.

Heureusement, notre cerveau possède une capacité incroyable, appelée plasticité neuronale.

Cela signifie que, contrairement à ce que l’on croyait autrefois, notre cerveau peut se reconfigurer tout au long de notre vie en fonction de nouvelles informations et expériences. Chaque fois que nous prenons consciemment le temps de réfléchir sur nos erreurs et d’adopter de nouvelles approches nous forgeons de nouveaux chemins neuronaux. Cela ouvre la voie à des changements de comportements et à une amélioration continue.

 

Après tout, le mot “expérience vient du latin experientia, de experiri : essayer.

Pousser notre réflexion vers notre cortex préfrontal (siège du raisonnement et de l’apprentissage) n’est pas seulement bénéfique, c’est essentiel.

Ce processus nécessite de s’arrêter et dans ce monde en perpétuel mouvement c’est souvent difficile, d’analyser nos actions et de réfléchir profondément aux conséquences de celles-ci. L’objectif est de transformer de simples « expériences » en de véritables sagesses pratiques.

A-t-on réellement préparé cette réunion en se servant de « Notre » expérience ?

 

Nos émotions jouent un rôle crucial dans la façon dont nous apprenons de nos expériences

Des émotions fortes peuvent renforcer la mémorisation d’un événement, rendant certaines leçons inoubliables. Si on s’arrête (encore s’arrêter) quelques instants en se posant la question : “quelle est mon expérience inoubliable ? vous allez avant tout ressentir cette émotion qui vous permet de revivre ce moment et cette expérience.

Les émotions cristallisent aussi les expériences du cerveau collectif. Un bel exemple est le scénario de fin de match, ou après un match maîtrisé ou l’expérience a parlé, la machine se dérègle et les erreurs s’enchainent, chaque co-équipier se trouve embarqué dans une spirale négative et le résultat s’en trouve inversé et engramme cette expérience qui se renouvelle malencontreusement.

Tout comme les scénarios de nos réunions… qu’on pourrait dire déjà écrit à l’avance.

Notre cerveau n’aime pas l’incertitude et face à l’inconnu, il va rechercher ce qu’il connaît déjà et qu’il considère comme notre zone de « confort », notre expérience, bonne ou mauvaise, qu’il réapplique et qui fait que nous nous retrouvons dans ce scénario…

Dans ce mécanisme, il est important de savoir, lorsque nous réussissons à surmonter un défi ou à corriger une erreur, que notre cerveau libère de la dopamine, le neurotransmetteur du plaisir et de la récompense, renforçant ainsi notre motivation à adopter ces nouvelles approches.

Les leaders efficaces savent qu’ils doivent créer un environnement où la sécurité psychologique est une priorité. Cela signifie encourager une culture ou l’erreur est vue non comme un échec, mais comme une étape vers l’apprentissage et l’innovation.

 

 

 

En embrassant nos erreurs avec curiosité et humilité, nous transformons chaque faux pas en un pas de danse vers l’innovation

Lorsque les membres de l’équipe se sentent en sécurité pour exprimer leurs idées et partager leurs échecs, tout le monde apprend plus vite et plus efficacement.

Créer un espace où chacun trouve sa place et puisse s’exprimer et être attentif au besoin de ce nouvel individu que l’on nomme collectif demande à la fois humilité et ouverture. Discuter de ces scénarios de fin de match est le début du renouveau.

Qu’en est-il de vos réunions ? Tenez-vous compte de la maturité de votre collectif et de la «vôtre » ?

On recherche peut-être tous une certaine autonomie, mais sommes-nous pour autant capables de la piloter, et est-ce réellement cela que l’on cherche ?

Il est crucial de prendre le temps de débriefer et d’analyser les besoins et les résultats, qu’ils soient positifs ou négatifs.

Encore faut-il les mesurer.

Organiser des sessions régulières de retour d’expérience permet non seulement de clôturer des projets ou des cycles, mais aussi de digérer des apprentissages acquis. Ces moments de réflexion collective contribuent à renforcer les liens entre les membres de l’équipe et à clarifier les objectifs communs.

Investir dans l’amélioration continue de soi-même et de ses équipes est un autre moyen de garantir que l’expérience acquise est utilisée de manière optimale.

En saisissant la manière dont notre cerveau engramme et utilise les expériences, nous pouvons commencer à modifier consciemment nos scénarios habituels.

En cultivant la plasticité cérébrale par une réflexion consciente et une gestion émotionnelle adaptée, nous pouvons aller encore plus loin dans l’expérience et en faire un outil puissant pour nous accompagner vers une performance globale et durable et favoriser son utilisation dans l’innovation et non pour répéter nos erreurs plus rapidement.

Pour en revenir à nos réunions, on voit que comme pour le reste la préparation reste l’essentiel, s’arrêter pour se préparer est la clé numéro 1.

 

 

L’important est de bien disposer du “code” de la réunion

 

  • Contexte : Bien définir le contexte et le cadre de la réunion
  • Organisation : préparer tous les éléments pour assurer le bon fonctionnement de la réunion (paperboard et feutre, visio projecteur et écran, code d’accès,…)
  • Déroulé de la réunion : la feuille de route afin que chaque participant puisse la préparer et sache pourquoi il vient et de s’assurer que chacun aura sa place, son rôle, et le moyen de s’exprimer.
  • En vue de quoi : définir l’objectif de la réunion et avec quoi on doit repartir et ainsi permettre un recadrage si besoin.

Bonne réunion 😊

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