La proposition de valeur apportée par l’intrapreneuriat est très intéressante car sur le papier tout le monde y gagne.
D’un côté l’Entreprise : elle propose un programme d’intrapreneuriat aux collaborateurs qui vont apporter leur aide, porter des projets pour faire grandir l’organisation & répondre à un ou des axes stratégiques. Pour cela, elle sanctuarise du temps pour que l’intrapreneur développe son concept et le mette en œuvre. On crée ainsi une micro structure au sein de l’entreprise qui va permettre de transformer une opportunité en opération concrète, plus vite. Elle grandit pour et par ses collaborateurs.
De l’autre, le Collaborateur : il propose ses compétences, pas forcément celles qui constituent son travail d’aujourd’hui, et porte un projet qui va lui permettre de s’épanouir et d’être acteur du développement de son entreprise.
Le monde change
C’est d’autant plus intéressant que nous sommes confrontés aujourd’hui à deux phénomènes : d’un côté une nouvelle génération qui a besoin de s’épanouir au travail, de comprendre le sens de ce qui la conduit au travail quotidiennement. De l’autre, des entreprises qui voient le monde VUCA (Volatile Uncertain Complexity & Ambiguity ) s’installer inexorablement et vivent une accélération des contextes et enjeux dans un paysage concurrentiel très fort.
Si nous rajoutons à cela une pénurie de talents dans beaucoup de secteurs, un contexte économique & géo-politique complexe, il n’en faut pas moins pour se dire qu’il est temps de revoir un système qui n’a que trop vécu depuis maintenant 1 siècle (100 ans… rien que de l’écrire, cela légitime sa remise en question).
Si nous résumons, L’intrapreneuriat va donc produire deux effets : produire rapidement des solutions pragmatiques pour l’entreprise et rendre plus épanouis les collaborateurs impliqués en leur donnant les clés.
Une histoire de potentiomètre
Cette force du collectif, cette synergie des compétences, encore faut-il la mettre en place. Et lorsque nous discutons avec des organisations qui ont franchi le pas, on se rend compte que l’intrapreneuriat est un grand potentiomètre.
Oui, potentiomètre, excusez cette expression sans doute héritée d’un passé scientifique mais c’est l’image la plus frappante lorsque notre regard se pose sur les programmes existants. Peu, trop peu d’entreprises ont compris que la création n’aime pas les contraintes, que la libération des énergies est l’un des pré-requis majeurs pour opérer la mise en place de l’intrapreneuriat.
6 principes fondateurs
Il convient donc de respecter des principes fondateurs lorsque la volonté laisse place à l’acte, accordons-nous sur ces 6 là qui constituent un bon début :
- Dédier du temps pour les collaborateurs devenus intrapreneurs
- Donner les moyens nécessaires à la mise en œuvre des solutions
- Créer un espace de prise de décision en circuit court
- Embarquer le management dès le début de la mise en place de l’intrapreneuriat
- Valoriser & récompenser les intrapreneurs
- Poser un cadre de carrière pour les intrapreneurs & leur évaluation
Des idées et des projets par milliers
Il viendra ce moment. Ce moment où vous vous êtes lancés, vos intrapreneurs sont identifiés, le programme d’intrapreneuriat est prêt, vous avez même -comme certains- intégré un système de parité dans le jury qui sponsorisera les projets. Bref, le bonheur.
Désormais vient l’heure où les idées affluent, les projets se lancent et c’est à cet instant – alors même que la veille du lancement vous vous demandiez « et si chez moi, ça ne marchait pas ? Après tout, notre entreprise est particulière… » que le doute s’installe.
C’est LA phrase qui ressort dans toutes les entreprises. Encore heureux que chaque entreprise soit unique, que ses collaborateurs soient différents. Mais la probabilité que votre démarche n’aboutisse à rien est nulle.
C’est prouvé, et vous n’y pourrez rien : l’engagement de vos collaborateurs va augmenter, les idées vont affluer de façon à vous féliciter d’avoir mis en place un jury de sélection. Et que dire des collaborateurs qui n’iront pas au bout du projet ? Préparer son projet, définir son Business Lean Canva, piloter son projet, communiquer, rencontrer des sponsors & « clients potentiels »… Ils auront appris tellement de choses que l’échec ne sera pour eux qu’une voie d’apprentissage.
Culture de l’échec
Car oui, il y aura des échecs. On estime à 7 % le taux de succès des projets d’intrapreneuriat. C’est un concept qui n’est pas évident en France car nous n’avons pas la culture de l’échec comme peuvent l’avoir les anglo-saxons et leur FAIL (First Attempt In Learning).
Mais peu importe. L’entreprise progresse, va se nourrir de tous ces succès qu’ils soient directs, par la réalisation concrète des projets, comme indirects (le développement des compétences des intrapreneurs, leur fidélisation, voire l’attraction des talents extérieurs car les générations à venir ont besoin de cadre comme ceux-là pour s’épanouir).
Une nouvelle ère, participative
Ainsi, nous débutons une ère plus participative dans les entreprises, je pense qu’il y a une prise de conscience collective de la puissance de l’Humain, et de cette « union des cerveaux ».
L’intrapreneuriat, déployé dans bon nombre d’entreprises surtout ces 10 dernières années en est le témoin timide pour l’instant.
Demain, ce modèle – qui évoluera sans doute lui aussi – pour un modèle d’entreprise porté sur le collectif et le sens commun sera inscrit dans l’ADN de bon nombre d’organisations.
Il nous semblera alors que ce que nous constations dans un parc toulousain par un matin printanier était forcément une évidence dans l’évolution de la société. La vérité sort sûrement du comportement spontané des enfants.
Vivement demain.