Il était une fois…
Il y a quelques jours, j’ai reçu un magnifique cadeau de la vie : ma fille en Rréanimation à l’hôpital. Non, Je n’ai pas perdu la tête et je ne parle de façon ironique.
Ce moment si angoissant et douloureux a marqué mon été avec un AVANT et un APRES.
Pendant 10 jours, la seule chose que je pouvais faire c’était d’être présente auprès de ma fille, la soutenir avec mes sourires et mes câlins pendant que les infirmières infiltraient ses veines. Mon esprit n’avait aucune possibilité d’échapper à la douleur car ma fille me regardait avec ses yeux de peur et de douleur en cherchant du réconfort dans les miens…impossible de fuir du moment présent!
Le moment présent est justement ça, un présent magnifique que la vie nous offre pour apprendre, pour grandir, pour mieux se connaitre. A l’hôpital, je n’avais plus de choix que d’accepter ce moment présent et « d’ouvrir le présent » pour comprendre ce que la vie voulait m’offrir à cet instant précis.
Pour l’écrivain Eckhart Tolle dans son ouvrage Le Pouvoir du moment présent , « le problème de l’humanité est profondément enraciné dans le mental lui-même. Ou plutôt dans notre identification au mental. » c’est à dire que le mental va être plus focalisé sur le passé en revenant à des moments qui n’existaient plus ou focalisé sur le futur et les promesses vides de l’inconnu.
Dans mon cas à l’hôpital, j’aurai pu vivre ce voyage vers le passé avec mon mental en regardant toutes les choses que j’aurai dû faire pour prévenir la situation et activer ainsi le juge en moi pour donner lieu à la culpabilité. Ceci n’a pas été le cas grâce au regard de ma fille : son besoin de confiance et de sérénité de ma part ainsi que les multiples échanges avec le corps médical, m’ont obligé à rester ancrée dans le moment présent.
Je n’ai pas pu non plus m’échapper vers le futur pour me projeter en dehors de l’hôpital avec ma princesse : rêver de partir était impossible quand toutes les journées se ressemblaient et quand on avait la certitude de ne rien contrôler.
Les 3 conditions pour rester dans le moment présent
Pour E. Tolle, il y a 3 conditions très importantes pour réussir à être dans le moment présent :
- Arrêter l’identification au mental : Calmer l’esprit et ne pas le laisser s’enfuir vers le passé ou vers le futur où souvent nous trouvons des sources d’attachement et de douleur.
- Acceptation de l’instant présent : Quand on se connecte avec les sensations du corps et avec le souffle, la possibilité de rester dans le moment présent est plus certaine. Ceci nous permet de rentrer en contact avec ce que Tolle appele « Le véritable Moi », cest à dire, « l’être essentiel qui est en nous » et qui devient la clé de notre délivrance. Moi personnellement, j’ai bien réussi à sentir ce « véritable moi » à l’hôpital, quand j’imaginais chaque instant comme une cadeau magique de la vie. Chaque minute avec ma fille était précieux, sa vie était un miracle ainsi que la mienne et cet exercice a été bien puissant pour accepter avec joie et gratitude l’instant présent.
- Lâcher Prise : Pour E. Tolle, « le lâcher prise est la simple mais profonde sagesse qui nous porte à laisser couler le courant de la vie plutôt que d’y résister. Et le seul moment où vous pouvez sentir ce courant c’est dans l’instant présent ». Nous avons souvent l’illusion de tout contrôler dans notre vie. Mais quand on est avec son enfant en réanimation à l’hôpital, sans changement ni nouvelles depuis 5 jours, on se rend compte qu’on ne contrôle absolument rien et que le sentiment d’impuissance n’est pas loin.
L’amour envers ma fille a été la clé pour lâcher prise, pour ne pas laisser l’impuissance ou la culpabilité venir me rendre visite. J’ai décidé de nourrir la vie de ma fille de joie, de sérénité, du « moment présent ». De façon consciente, j’ai choisi d’être bien présente pour elle, de laisser chaque minute pénétrer mes cellules, chaque souffle nourrir son souffle derrière son masque d’oxygène et de rendre chaque visite de l’infirmière un moment d’échange et de gratitude : on était vivantes et on était ensemble !
Ouvrir le cadeau, ouvrir le présent
Les semaines ont passé depuis cet épisode, mais j’avoue que quelque chose de très profond s’est transformé en moi. Je me félicite d’avoir eu le réflexe de rester fidèle à ce moment présent, reflexe que surement aurait été difficile d’avoir sans l’énorme amour que je ressens pour ma fille.
Depuis, chaque moment avec moi-même et les gens que j’aime est un cadeau, même dans les journées les plus éprouvantes. Chaque minute de vie est précieuse, jamais garantie et cette réflexion ne fait que me donner envie de rester ancrée au moment présent. Un de mes maitres de yoga, Swami Brahmdev, a une phrase que je n’arrivais pas à bien saisir jusqu’à cet été : « life is a present, you just have to open it ! » ( la vie est un présent, tu n’as qu’a l’ouvrir !).