« Oui, mais… » : comprendre le mécanisme derrière cette réponse
C’est aussi vrai, car le OUI MAIS c’est aussi une affirmation de soi. J’entends ce que tu dis, j’entends ce que tu veux dire. Toutefois, en conscience, je souhaite te dire aussi que, je souhaite apporter une contradiction. Le OUI MAIS c’est donc aussi exister.
Toutefois, en fait, le OUI MAIS veut aussi dire « Non ».
« Je pense que … et que… , et toi qu’en penses-tu ? », « et bien, tu as raison, « mais »… ».
Cela veut dire, je ne suis pas d’accord avec toi, et potentiellement je pense que tu as tort. Pour moi en qualité de dirigeant, comme en qualité de Coach, je suis très vigilant avec cette formulation.
Car elle peut révéler plusieurs éléments :
- un manque d’explicitation : les choses ne sont pas clairement énoncées. ce « oui mais » cache en fait l’expression d’un réel avis.
- un manque de confiance en soi : par crainte ou peur de décevoir, je préfère ne pas exprimer un désaccord
- un système relationnel où les choses ne s’expriment pas clairement.
Cela me fait penser à la citation hyper connue de Nicolas Boileau : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement ».
Le « Oui, mais… » : un signal d’alerte à ne pas ignorer
Le OUI MAIS doit nous placer en vigilance, même si cette expression peut aussi être parfois considérée comme un tic de langage.
Le Oui mais pose aussi un véritable « risque » de jeu psychologique. La notion de Triangle Dramatique, ou Triangle de Karpman est éclairante à ce sujet
Les changements de rôles sont fréquents et le « OUI MAIS » est le signe du passage de la position de Victime à celle de Persécuteur.

Apprendre à gérer le « Oui, mais… » : une clé pour avancer avec clarté
Le sujet est d’abord de dire les choses ! En qualité de manager ou de coach, exprimer à son collaborateur et collègue ou à son client que dire « oui mais » c’est en fait dire « non », c’est un gage de responsabilité et de modélisation.
Cela permet d’expliciter le sujet et donc d’ouvrir la fois à une expression d’une représentation différente !
En management comme en coaching, le partage de représentation est central et primordial à la co-construction. Chacun doit pouvoir exprimer sa représentation, ses idées, à tour de rôle ou chacun son tour. Cet échange préalable, ce partage, permet ensuite de basculer sur une phase de construction : ce qui nous relie, ce sur quoi nous pouvons construire ensemble…
Le fait d’expliciter le « Oui mais » permet donc d’ouvrir la porte au partage de la représentation.
Pour un manager comme pour un coach, c’est donc bien une question de responsabilité.
Le « Oui, mais… » : un mécanisme de protection psychologique inconscient
Le sujet de la protection est majeur sur ce point.
Dans le cas d’un « Oui Mais » systémique, lié aussi à un schéma relationnel, où les personnes n’expriment pas clairement les choses ou ont peur d’exprimer clairement les choses, par peur de conflit, confrontation, voire représailles, le OUI MAIS, apparaît donc comme une protection personnelle face à une difficulté ou un obstacle.
Donc sortir du OUI MAIS dans ce cas, c’est aussi déconstruire un mode relationnel, pour en construire un autre basé sur la Confiance.
Là-aussi, c’est vrai en management comme en coaching, la confiance et l’alliance sont des éléments socles de la relation.
Pour la construire, il est indispensable de poser des bases de Protections au sens de l’Analyse Transactionnelle d’Erik Berne.
Poser un cadre de discussion et des règles de fonctionnement de l’échange, des valeurs qui conduiront l’échange et la relation, poser des attentes en termes de besoins… contribuent fortement à poser ce cadre de protection, dans lequel l’échange, la discussion, la relation vont se construire et s’entretenir.
Cela peut sembler théorique et éloigné de la réalité. Bien au contraire, de façon très simple, poser des Protections dans l’échange est très simple. Là aussi, c’est une question de responsabilité pour le manager ou le coach.

En conclusion, observer le OUI MAIS et ensuite le gérer et le traiter est vraiment un acte de leadership fort ! il force à la création d’un climat de confiance, qui ne se décrète pas mais se travaille en posant des bases de Protections. C’est aussi modélisant car « traiter » le oui mais, c’est l’expliciter et se faisant, c’est montrer une autre voie, celle de la co-construction du Sens.